Histoire du château d'Angeville
HISTOIRE DU CHATEAU DE LOMPNES
On ne peut guère imaginer que ce château fut autrefois une place forte, centre militaire et administratif, sa construction pourrait remonter au XIème siècle. Les premiers comptes en possession aux archives sont datés de 1272, son entretien était fort couteux, ce qui laisse à penser qu’il n’était pas de première jeunesse. Son mur d’enceinte fut de nombreuses fois réparé.
En 1356, les comptes notent une construction d’une grosse tour qui demanda l’aide de 140 bouviers.
Ce survol de son histoire le met en situation au fil des siècles. Dans l’ensemble la famille d’Angeville était bien intégrée dans la vie du plateau et jouissait du respect de la population qui n’a jamais manqué de faire respecter ses droits anciens vis-à-vis des châtelains. Cependant il est à noter que Dame Marguerite Michaud de Corcelles poursuivit l’ensemble des paysans du lieu devant le tribunal au XVIIIème siècle, elle leur contestait les droits de bouvage.
A la révolution un cahier unique de doléances avait été fourni par les trois ordres, ce qui est assez remarquable vu l’époque.
XIIe siècle Possession des comtes de Savoie qui en donnent la gestion à des intendants non nobles.
Vers 1140 Le château et ses terres sont donnés en dot à Auxélie, fille
du comte AME III de Savoie et de Mahaut d’Albon, lors de son mariage avec Humbert III de Beaujeu
1228 Humbert de Luyrieux prit en augmentation de fief le châtelard de Lompnes
Reprise de la propriété par les Comtes de Savoie
7 mai 1268 Le comte Pierre lègue le château à sa fille Béatrix, laquelle par traité du 30 juillet 1286 le cède à sa fille Anne et son gendre Humbert, dauphin de Viennois
Cette donation fut sans effet puisque le château revint de nouveau propriété des comtes de Savoie qui l’inféodèrent à la famille de Luyrieux
16 avril 1319 Jean de Luyrieux seigneur de Culoz le remet au comte Amédée V
Parchemin des comptes de la châtellenie de Lompnes
1440 Louis, duc de Savoie, en donne l’usufruit à Aymon de Beauvoir, Chevalier
1457 Louis inféode le château à François de Bonivard dans la famille duquel il resta jusqu’à Amblard de Bonnivard qui n’eut que des filles.Il s’agit de la famille de Bonivard qui compta dans ses membres l’illustre prisonnier de Chillon…
Ancienne mesure à grains dans le parc
11 décembre1592 Bernarde, l’une d’elles, le donne à Jacques de Mareste, son neveu, fils de Claude de Mareste et de Claudine de Bonivard
Durant le XVIème siècle, le château est reconstruit par Urbain de Bonivard évêque de Verceil
1601 Il fut pris et démantelé par les troupes de Biron lors de la conquête du Bugey et de la Bresse et passa sous l’autorité du roi de France.
22 mai 1602 Jacques de Mareste le vend avec clause de rachat à Laurent du Luyset, citoyen de Belley, qui l’engage à Bertrand de Grenaud, seigneur de Rougemont
18 juillet 1635 René de Lucinge, seigneur des Allymes, s’en rend acquéreur et le garde 16 ans
1640 Le château est rétabli en son état et prend certainement la forme du logis avec ses 4 tours
1651 la seigneurie de Lompnes fut judiciairement cédée à Melchior Bernard de Montessus, gouverneur de la ville de Beaune
28 octobre 1657 Revente du château (40.000 livres) à Guillaume Philibert d’Angeville, écuyer, et à sa femme Antoinette. Guillaume est mort en 1704 à la bataille d’HOSTECHT.
Le château resta la propriété des comtes d’Angeville qui se succédèrent jusqu’à sa vente définitive au XXème siècle. Plusieurs furent maire de la commune à la Restauration.
Son fils Guillaume lui succéda 1686-1772 marié à Marguerite Michaud de Corcelles , puis Jean Baptiste Charles1756-1827, 3 enfants : HenriGuillaume1790-1850, Gustave Alexandre 1791-1848 Vicomte député de la cour royale, et Adolphe Charles 1796-1856
Comte Henri Guillaume d'Angeville
Camille Marie 1829-1893 fils d’Henri Gillaume épousa Marie Morin née en Suisse en 1830 décédée à Hauteville en 1901
Le dernier fut Gustave Henri 1855-1906.
Le château fut vendu comme Hôtel, puis il servit de résidence de repos pour les officiers de la guerre de 1914, enfin il fut cédé à la Croix-Rouge qui le transforma en sanatorium.
Aujourd'hui le Château d'Angeville, centre de rééducation fonctionnelle
Le parc d'Angeville un soir d'automne
Les affaires criminelles sur le plateau
Sous la plume de Yann Cruiziat en collaboration avec Geneviève Lombard, un nouveau livre sortira le 11 juin pour relater les affaires criminelles sur le plateau d'Hauteville.
Ce qui permet de remettre en actualité cet article paru sur ce blog en 2014
UN CRIME A LOMPNES LE 18 NOVEMBRE 1560
François Lucas, châtelain de Lompnes, à la requête de Laurent Corcelle et d’Etienne Galley, procureur d’office et sergent dudit lieu commença d’informer sur une rixe qui avait eu lieu la nuit précédente à minuit.
Il trouva à la maison Brandet, le corps de Pierre Billiard, couché sur un lit ; sa mère pleurait près de lui entourée d’autres femmes. Maître Antoine Chapuys, barbier et chirurgien, rapportait que la tête avait été fracturée, la nuque cassée, et que le mort dans ses conditions « avait bien pu mourir »
Lenoir : le repas des paysans.
Chez les Guy, on trouva le charpentier Pierre Meygret, blessé lui aussi à la tête, messire Georges Pugieu le vicaire l’avait confessé, Meygret déclarait que, étant avec Pierre Billiard, Jean Chapuys et louis Ferrand, il avait été frappé, il ne savait pas par qui au dessus des moulins du seigneur de Lompnes.
Que s’était-il donc passé ? A cette époque, on allait veiller les uns chez les autres et on allait de maison en maison pour bavarder et recueillir les nouvelles du jour. On n’était pas obligé de continuer la veillée là où on l’avait commencée. On bravait le mauvais temps car le soir du 17 Novembre 1560, il gelait fort à Lompnes et l’on glissait sur la glace des chemins.
A la maison Billiard, où la victime, un jeune cultivateur, vivait avec sa mère, sa sœur Jeanne et son frère Amblard, une dizaine de personnes s’étaient réunies après le souper, mais Pierre Billiard était bientôt sorti, accompagné de Jean Chapuys et Pierre Meygret. Avec l’intention d’achever la veillée chez les Guy. Le drame avait eu lieu entre ce moment et celui où Pierre Perrusset qui avait été, lui, veiller chez Benoît Bosonet « jusqu’à mi-veille ou environ » avait trouvé Pierre Billiard étendu sur le fumier devant la maison de Jeanne Bosonet. Pierre Meygret s’était réfugié chez les Guy tout sanglant. Des curieux l’y avaient rejoint et causé de l’affaire jusqu’au moment ou Pierre Billiard était mort « après le second poulet chantant ». Apprenant cela, ils allèrent lui donner l’eau bénite.
Il y avait eu une semaine avant le crime une discussion dans le jardin des Billiard. Claude Mermoz, domestique de Barthélémy Garin et berger de ses brebis, un troupeau de plusieurs centaines de bêtes les y avait laissé pénétrer, les choux avaient été mangés et la mère Billiard avait chassé les brebis. Sur quoi Mermoz avait dit au petit Amblard Billiard, un garçon de 15 ans : « je t’en ferai tant porter, à toi et à ton frère, que vous en aurez assez ! » et le lendemain il était revenu au jardin avec ses bêtes et Pierre Billiard l’avait frappé d’un bâton sur le bras.
Ce même jour au soir, Mermoz « son bras lié à l’estomac » parlait avec le fils de son maître Jean Garin et se plaignait que le froid augmentait son mal « ne te chaille, avait dit Jean Garin, que avant que soit peu de temps il y aura quelqu’un qui en aura bien autant.
La justice recueillit de témoignage de Jean Chapuys et la déclaration de Meygret qui s’accordaient à accuser Jean Garin et avec lui un Pierre Puct, natif de Lompnes, comme ce Mermoz qui avait provoqué la première querelle. Le juge cita les trois compères et le sergent Galley afficha copie de son rapport à la porte principale de leurs maisons mais tous les trois avaient pris le large.
Le juge les condamna par contumace le 15 avril 1561 à être pendus et étranglés aux fourches patibulaires de la seigneurie et juridiction de Lompnes.
5 ans après, seul Garin réapparut, il était en possession de lettres de grâce établies à Rivoli, datées du 15/9/1561, scellées et signées par Emmanuel Philibert.
Messire Claude de Mareste, baron de Lucey et de Lompnes se plaignit : on aurait dû renvoyer Garin qui est « son sujet et jurisdisciable à Lompnes pour y être jugé, et le contraire ne se passait qu’au grand préjudice dudit seigneur et « énervation de sa justice »
Jean Brueghel "La visite à la ferme"1597
NB : deux lieux de Lompnes conviendraient comme décor à cette histoire, le quartier de la Violette où l'on retrouve ces noms de famille ainsi que celui des granges Figuet, où les mêmes noms de famille se retrouvent à la même époque.
Origine de la vierge de Champdor
ORIGINE DE LA VIERGE DE CHAMPDOR :
photo Alain Sauquet
Il est dommage que le socle et la statue prennent une teinte de vierge noire,
Si on trouve une entreprise pour lui redonner sa teinte blanche d'origine, on trouvera certainement un mécène pour règler la facture des travaux
2023 : Voilà c'est fait, la vierge de Champdor a retrouvé sa couleur blanche
C’est en 1855 que Joseph GUILLOT naquit à Champdor de Jean Baptiste GUILLOT et de Marie Rosalie LEVRAT. Il était l’avant dernier d’une famille qui comptait déjà 6 filles et 2 garçons. Son arrière grand mère Sébastienne HUGONNET épouse GUILLOT était célèbre dans la région. C’est grâce à elle que l’église de Champdor à pu conserver son magnifique autel.
A la révolution, elle le fit démonter morceau par morceau puis distribuer ceux-ci dans différentes familles dont- la liste fut faite par un des rares capables d’écrire à cette époque : son fils Victor âgé de 12 ans. Grâce à cette liste soigneusement conservée, l’autel fur reconstruit pièce par pièce sous Napoléon..
Saint François de Sales et saint Victor (qui perdit quelques doigts dans ce déménagement) ont retrouvé leur place qu’ils occupent depuis.
Après de brillantes études au séminaire de Meximieux, puis à celui de Brou, il fut nommé à sa demande à Waverlé ville cosmopolite où se côtoyaient Irlandais, Allemands, Polonais et Français. Il y fit construire une école où tous purent y apprendre l’anglais. Après plusieurs postes, il termina sa carrière à saint Paul du Minnesota aux Etats Unis après avoir fait preuve d’une grande générosité envers son diocèse et son village natal.
A sa dernière visite en France en voyant travailler un artiste du pays Monsieur Alphonse MONNET, autodidacte bourré de talent, il eut l’heureuse idée de laisser à ses compatriotes un souvenir durable. Admirant le travail de monsieur Monnet et son goût de la perfection, ils se mirent d’accord sur l’œuvre à accomplir.
Plusieurs maquettes en terre puis en plâtre (modèle réduit bien sûr) traversèrent l’Atlantique et sont certainement conservées dans le Minnesota.
Le travail gigantesque n’effrayait pas le sculpteur, seul sans architecte sans ordinateur, il eut à calculer la solidité du terrain, la taille et la mise en place de cette statue haute de 13 mètres dont l’élégance et l’harmonie des proportions étonnent encore les artistes contemporains.
L’INAUGURATION DE LA VIERGE.
Le 8 juin 1941, il y a juste 60 ans, aurait pu être une grande fête religieuse pour tout le plateau, un beau dimanche comme les dimanches d’avant la guerre.
Mais la défaite était trop récente, toute la France portait encore le deuil de ses soldats morts au combat et ils étaient encore nombreux retenus bien loin là-bas dans les stalags. L’avenir s’annonçait sombre et incertain.
Le long cortège des paroissiens de Champdor, augmenté par ceux des paroisses environnantes qui s’avançait en procession depuis le village jusqu’à la colline reflétait tout le recueillement. Il y avait énormément de monde, c’est étonnant ce que la peur de la guerre peut parfois réveiller la foi des baptisés.
Devant le massif montagneux qui la domine, la vierge apparaissait encore plus blanche.
Les belles carrières du pays avaient fourni cette noble matière plus dure à travailler que le marbre et aussi belle aujourd’hui qu’au premier jour.
Monseigneur Gauthier, missionnaire de la montagne, le chanoine Monnet vicaire général et le curé Loisy accueillaient cette foule et prêchaient la confiance qu’il fallait garder.
Une centaine de gamins avait déposé auprès du socle des milliers de narcisses cueillis le matin même au pied du monument le long de l’Albarine…La colline parée d’oriflammes et de longues guirlandes de branches de sapins prenait un véritable air de fête.
Monseigneur Guillot venait d’avoir 86 ans, il ne vit jamais la statue achevée mais ce jour-là au-dessus de l’Atlantique, ses pensées ont dû croiser les pensées des Cambots.
Marius Guy
Merci !
Merci aux 251.OOO visiteurs provenant de 110 nations du monde qui ont été intéressés
Le plateau d'Hauteville intéresse le monde.
les quatre temps pour 2023
Lyon, où des nuages perdureront aujourd'hui, continuera d'attendre le soleil. Les températures afficheront entre -1 et 2°C. Une brise de nord soufflera doucement. Les nuages seront peu à peu visibles au cours de la matinée. Les températures avoisineront les 1°C. L'après-midi, le soleil sera caché derrière des nuages. Les valeurs seront comprises entre 1 et 2°C. La soirée va rester voilée à cause de nuages qui persistent dans le ciel. Les températures s'échelonneront entre 0 et 1°C. Pendant que vous dormirez, dans la nuit de vendredi à samedi, le ciel sera clair.
Cette prévision conviendrait au mois de Mars
Mars a été pluvieux par rapport aux années précédentes - le plus pluvieux depuis ans.
Gethsémani.
Gethsémani.
Jardin des oliviers par Philippe Joly
Voici l’heure !
Voici l’heure où le jour s’en va.
Voici l’heure entre chien et loup dans la tristesse de sa grisaille.
Voici l’heure de l’angoisse et de la solitude,
Voici l’heure de l’abandon et du lourd sommeil,
Voici l’heure de nos déserts, sans Dieu, sans âme.
Voici Gethsémani.
Jésus est accablé par la peur des douleurs
et Pierre prostré, plombé par son fardeau d’Eglise.
Jean, l’apôtre bien aimé, vit l’angoisse du Maître,
Et André, Jacques, Philippe dans le doute et la crainte
Subiront le sommeil dont est déjà atteint Mathieu le publicain.
Conscient de leur faiblesse, Christ va se retirer,
Seul face à son destin et tenter d’éloigner
Par une humble prière l’échéance fatale.
Et vous, ses disciples, hommes simples et rudes,
Vous, Barthélémy, Thomas, Mathias et Jude,
Vous, Jacques le mineur et Simon le zélote,
Encore bouleversés par la gloire montante
De l’entrée triomphale dans la ville Eternelle et
Par l’ingratitude d’une foule inconstante ;
Vous, Apôtres trop humains, paupières appesanties
Vous n’avez pu veiller un instant avec Lui.
Jésus sera tout seul quand il va accepter
S’adressant à son Père de faire sa volonté.
Puis il y a Judas, jeunesse incontrôlée,
Le regard incertain fixé sur l’heure prochaine.
Déçu dans sa passion pour un ordre nouveau,
Plein d’un amour violent et jaloux de son Maître,
Jeunesse fulgurante, pleine de maladresse,
Il doit être celui qui manque à sa promesse.
Pour trente pièces d’argent, par un simple baiser,
C’est à Gethsémani que tout va basculer…
Voici l’heure où le jour se meurt,
Voici l’heure douloureuse que vient hanter la mort,
Voici l’heure où le gris prend des teintes de noir,
Comme si Gethsémani avait honte de voir
Cet Amour crucifié destiné au tombeau.
L.G. 1994
La première équipe de foot du plateau et la dernière
La dernière équipe 2023
L'équipe s'appelle Union Sportive de Lompnes première équipe ? Y en avait-il une autre, nous ne le saurons jamais !
Les protagonistes sont ligne du haut de gauche à droite
Paul Maclet /Sussetto/ X / Gustave (coiffeur) / Charles peyraud
deuxième ligne : Regain / X / Camille Hugon
Ligne du bas : Max Lantheaume qui était facteur/ Champal / X
Plus personne ne pourra donner un nom aux X hélas!
cette équipe se renforça dans les années 1930
Ligne du haut : X / Paul Maclet/ René Hugon/Camille Hugon/ Robert Maclet/Charles Peyraud/ André Dassin
ligne centrale : Maxime Hugon/ X / XLigne du bas : Champal/ Léon Guy/ X
louis Aragon au château d'Angeville à Hauteville-Lompnes
Louis Aragon au château d’Angeville.
C’est certainement Louis ARAGON qui a consacré le plus de pages littéraires à Hauteville, Joseph KESSEL s’est inspiré dans « LES CAPTIFS » de certaine manière de vivre en sana, et n’a décrit qu’un lieu que l’on peut facilement reconnaître (la boutique d’Angèle CORBET).. Les autres grands auteurs : CLAUDEL, Gérard de NERVAL, LAMARTINE, Roger VAILLANT, Gabriel VICAIRE, Françoise CHANDERNAGOR se sont contentés de tutoyer le plateau mais de si près qu’il conviendrait aussi de les annexer comme écrivains ayant célébré notre petite région.
A tout seigneur, tout honneur, commençons donc par ARAGON ! Aragon avait trois sœurs Madeleine, Marie et Marguerite. C’est sa « sœur très aimée » Marguerite qui lui apprendra dans l’été tragique de 1917, au moment de son départ pour le front la nouvelle qui ouvrira une « inguérissable déchirure dans son cœur ». Elle lui dévoile qu’il est un enfant naturel, qu’elle n’est pas sa sœur mais sa mère et que lui, Louis, qu’elle a mis au monde voici 20 ans le 3 octobre 1897, n’aurait jamais dû exister. Le géniteur est Louis Andrieux, un avocat de 57 ans père de 3 enfants, il fut procureur de la République à Lyon en 1870, député en 1877, préfet de police en 1879, ambassadeur de France à Madrid en 1882, député des Basses Alpes en 1903 puis sénateur en 1910. Il inventa donc l’état civil de l’enfant à qui il donna le nom d’Aragon en souvenir dit-on d’une maîtresse espagnole.
En effet, un mystère entoure sa naissance. Le tribunal civil de la Seine le déclarera le 20/3/1914 « fils de père et de mère non dénommés ». Il sera présenté comme fils adoptif de Claire TOUCAS MASSILLON. La fille de Claire, Marguerite, lui servira de mère et devra subvenir à l’entretien de tout son monde c’est ainsi qu’elle vendra en 1904 la pension de famille qu’elle tenait au 20 avenue Carnot à Paris pour s’installer à Neuilly. Louis Aragon rencontrera Henry de Montherlant au collège saint Pierre ainsi que les frères Prévert. Très précoce, enfant il se lance dans l’écriture, le premier texte écrit de sa main date de 1903…C’est à l’école saint Pierre qu’il dévorera les grands de la Littérature, « si je n’avais pas lu je n’aurai pas tant écrit ! »
Comment se fait-il qu’ARAGON ait vécu deux étés durant, en 1905 et 1906 au château d’Angeville ? On l’ignore.
Selon ses écrits dans le prologue des Voyageurs à l’Impériale, il s’agissait d’une simple location de vacances au propriétaire des lieux qui ne leur était nullement apparenté (sic). On le retrouve encore en période estivale dans les années suivantes à CHALLES LES EAUX. Sa santé était-elle déficiente? Rien ne le laisse supposer.
Louis Aragon traîna donc ses souliers dans le village de LOMPNES. Il avait à ce moment-là une douzaine d’années. Ce n’est que 30 ans plus tard qu’il écrivit « Les Voyageurs de l’Impériale ». Cette œuvre fut tout d’abord édité à NEW-YORK en 1941, puis en FRANCE par GALLIMARD en 1942. La critique de la presse collaborationniste de l’époque massacra l’ouvrage notamment en le traitant de « judéo-stalinien », ARAGON était engagé dans le Parti Communiste depuis le 6/1/1927. Ceci explique-t-il cela. Cet ouvrage fut réédité plusieurs fois, la dernière réédition dans la collection Folio en 1996.
Deux cents pages des « Voyageurs de l’impériale » sont consacrées au pays bugiste. Il brossa quelques intéressants portraits de certaines personnalités hautevilloises.
Ce qui est passionnant pour nous aujourd’hui, c’est de repérer dans l’œuvre, la perception des paysages que nous connaissons tous et décrypter les personnages décrits par un écrivain-poète comme Louis Aragon. Il faut croire qu’ARAGON garda de notre pays un souvenir vivace puisqu’il lui consacra quelques chapitres.
Le château de Sainteville(Angeville)
En 1938, il se souvenait encore de SAINTEVILLE (ANGEVILLE). Sainteville dresse ses tours et ses toits d’ardoise au-dessus d’une terrasse qui fait jardin à l’anglaise, bien qu’un peu négligée, au-delà d’une cour où l’on s’étonne que n’abordent plus les équipages. La terrasse qui n’avait que trois côtés, parce que le château qui en fait le fond, tombe à pic sur des rochers avec un mur de vingt mètres où la mousse cache mal les anciennes meurtrières… Il y a des chemins entre les pelouses et brusquement, sur la droite, la terrasse s’étend jusqu’à un garde-fou en pierres d’où l’on s’accoude pour regarder le découvert de toute la vallée, et les montagnes au-dessous du plateau, comme si on se tenait sur le toit du monde, de petites montagnes vertes, bleues et mauves et des villages lointains accrochés à des collines, un paysage infini, calme avec des ruisseaux, des vaches, des forêts, de belles prairies qui dévalent, et un ciel énorme, un ciel où les nuages font de grands gestes comme des charretiers qui se croisent hors de portée de la voix.
Il n’a pas oublié « le parc qui descend de la terrasse avec sa route en spirale et plusieurs hectares bois, de prés, de vallons humides. Il n’y a point de murs pour le séparer des champs qui vont au village de BULOZ (LOMPNES) où vit un peuple paysan dans des maisons adossées à la colline »
« SAINTEVILLE (ANGEVILLE) était comme une colline poussée à contre-pente. On passait au bas, le long du potager, du parc, par le chemin des étangs, le grand et le petit, où il n’y avait plus guère de carpes »
Il est encore pétri de sensations « les morilles mauves au pied blanc qui sortent tout droit de la terre !
L’herbe verte presque toute l’année, l’odeur des champignons, les limaces orangées et les escargots de toutes les tailles avec leur trace d’argent, les framboises auxquelles on ne peut résister, les pierres bizarres qu’on ne pouvait pas ne pas mettre dans ses poches. Par le chemin creux, les ronces toutes chargées de mûres noires et rouges, …douces mûres sucrées, fondantes, où brusquement un grain d’aigreur surprend »… « les groseilles à maquereau à la peau épaisse, avec les graines qu’on recrache et qui ressemblent à de petits ballons rayés »
Il se souvient encore des petits camarades qu’il appelle Michel, Maurice, Gustave, joseph ou Paulot. Ces gosses du village « tous bruns et petits, trapus, étaient les fruits des croisements de Buloz, où l’on se mariait entre cousins, sans que ça posât de questions. »
Les garçons de l'école de Buloz(Lompnes)
Le décor du plateau ne le laisse pas insensible : « cet immense van » avec sa montagne, « vers le bonnet de sapins où se cache le pèlerinage de Notre Dame de Mazière »
Le site de MAZIERES l’inspirera plusieurs fois :
« Sur le bord de la route, les promeneurs dépassèrent le chantier où des Piémontais travaillaient aux fondements d’une grande maison : le sanatorium de docteur Moreau…Au retour de la promenade, ils rencontreront le docteur venu surveiller le travail « Nous aurons soixante chambres particulières…Une situation unique pour les poumons » leur dira-t-il. « La route enfin tournait, et elle prenait alors l’ombre de la montagne. Cela formait comme une gorge (Trou de la marmite)où l’on s’enfonçait vers la forêt….un petit ruisseau passa sous la route, si clair, si tordu sur lui-même, qu’il avait l’air de ces filets blancs qui spiralent dans les berlingots »
« On arrivait à la forêt et tout de suite cela formait une sorte de place, où devaient avoir piétiné des chevaux et stationné des voitures, le sol pelé et tassé, à travers quoi passait la route. Sur la droite derrière deux grands chênes, une petite chapelle avec sa cloche apparente, grise et pauvre, surgissait entre les branches, avec une fontaine sur un grand bassin moussu comme un lavoir. Et un peu en arrière une grange abandonnée à la porte barricadée, avec le toit à jour où manquait le chaume, montrant son squelette de lattes usées.
C’était la chapelle miraculeuse (*) Il y dormait une vierge qu’on visitait le 15 août et le 8 septembre, et du jour de l’Assomption demeuraient ici des débris divers, des papiers, les traces ménagères d’une piété qui avait porté ici l’autre semaine des estropiés, des aveugles, des phtisiques, des amoureux déçus, des mères inquiètes, des vieilles demoiselles épuisées par la route et l’attente d’une vie qui ne viendrait jamais.
Il garde dans sa mémoire certainement merveilleuse les noms de Ruffieu, Artemare, Champagne, Seyssel, le grand Colombier, Culoz, le col de Valorse, le Valromey « dont le nom est plein de parfums et d’arômes ! »
« Il y a des lieux dont les noms sont purement chanteurs : le col de la Pierre Taillée, la forêt de Cormaranche… »
La description du village peut encore nous remémorer des souvenirs anciens.
« Les maisons aux toits débordants, blanches dans le soleil, s’appuyaient les unes aux autres, toutes de traviole, comme si elles eussent voulu mettre en commun leur fraîcheur.
Un village de quatre cents âmes, bâti comme tous les villages de par-là, avec sur le côté l’escalier de bois extérieur qui grimpe sous le toit, incliné pour faire tomber la neige. Sous le toit, en haut de l’escalier se forme une sorte de terrasse où pend le linge à sécher, les champignons sur une ficelle. Des balcons parfois prolongent la terrasse sur la façade. En bas devant la porte, le tas de fumier.
Quelle mémoire ! On sait cependant que Louis ARAGON prenait déjà des notes malgré son jeune âge.
Quant aux enfants du village, ils étaient « des garnements qui ne respectaient rien et qui grandissaient sans religion malgré le prêtre et leurs mères, et n’avaient de crainte que des marécages où se réfugiaient toutes les puissances du mystère. Ils s’injuriaient de loin et se criaient « coïon ! ». Aragon brosse quelques portraits de personnages beaucoup plus respectables, notamment le Docteur MOREAU (Frédéric DUMAREST) qui soignait à l’œil le châtelain peu fortuné et qui faisait construire par des Piémontais sur la route de Mazières un sanatorium.
Madame RUFFIN,(probablement Rolland)propriétaire de l’Hôtel des Alpes situé dans la grande rue près de l’église ( l’hôtel CHARVET actuel), recevait des malades qui venaient consulter le docteur. « Aussi dans les pièces sombres et bien cirées, se trouvaient des crachoirs de cuivre et des écriteaux « Ne crachez pas par terre »
L'hôtel de Madame Ruffin(Roland)
C’était le début de la station.
Il décrit aussi la voiture de l’hôtel avec son toit de toile grise qui servait à véhiculer les clients de TENAY à HAUTEVILLE.
Il y avait aussi les demoiselles « de CHAMPDARGENT » il s’agissait probablement des propriétaires du château de Champdor.(de MONTILLET).
Le château de Champdor
Justement la vie au château de Champdor est décrite en quelques lignes « Des fêtes. Des beaux messieurs, des dames élégantes qui venaient de partout en voiture. Des enfants qui jouaient sur la terrasse du château Louis XIV, si bien habillés, si propres ! Des petits comtes, des fils de généraux…Un monde enfantin qui ressemblait aux histoires de Mme de SEGUR »
Il me reste dans ces morceaux choisis une ligne qui interpelle « A mi-côte, vers CHAMPDARGENT (champdor), il y a des vignes. Ici le soleil chauffe un vin pâle ». Cette réflexion est faite au milieu d’une partie de chasse qui se déroule de Lompnes à Champdor…S’agirait-il de la colline de DARBEN ?
Le jour de sa mort le 24/12/1982, Aragon se souvenait-il encore de son expédition dans les marais de la Praille longuement décrits pour atteindre le point culminant de la montagne qui lui permettrait de découvrir le colombier, la dent du chat et plus près de nous le VALROMEY dont un autre grand de la littérature découvrit les charmes, Paul CLAUDEL, se souvenait-il du pique-nique d’été en forêt près de vagues ruines d’abbaye » (Meyriat). J’en doute.
Ce que nous pouvons regretter, c’est que personne à Hauteville n’a eu l’idée alors qu’il était encore de ce monde de contacter ARAGON pour lui demander quel souvenir il gardait encore du pays à la fin de sa vie. L’auteur de l’ouvrage « LES YEUX ET LA MEMOIRE » aurait pu certainement répondre. Trop tard !
La terrasse du château d'Angeville vers 1905
*Aragon avait peut-être lu l’opuscule de Mazières du
curé PINARD en 1894 traitant d’une fontaine bénite, il a pu
faire une confusion. La chapelle n’a jamais été miraculeuse
.
Le Pot au feu de l'Avent
Pourquoi le pot au feu de l’Avent ?
Autrefois, au début du 19 ème siècle, dans nos régions de moyenne montagne ,la lointaine tradition voulait qu’au cours des 4 semaines de décembre , mois de l’Avent, on devait préparer la venue de Jésus, évènement heureux et exceptionnel.
Dans les chaumières locales qui étaient toutes architecturées de la même façon, on trouvait la cuisine - pièce principale de vie - adossée le plus souvent à l’étable, ou porcs,volailles, quelques bovins et ânes éventuellement, se plaisaient à recevoir pitance et à donner chaleur aux habitants.
Le 25 Décembre approchant, le devoir du paysan était de nettoyer et de préparer avec soin la crèche pour accueillir le célèbre nouveau-né. La coutume traditionnelle et incontournable, nous précise l’écrit du Père Voitout, dans l’ancien ouvrage « Vie et traditions dans le Haut Bugey » voulait que les hôtes de ces lieux laissent place afin que tout soit prêt pour la Sainte Nuit.
Pour ce faire, on sacrifiait donc en partie, souvent avec regret, le peu de bétail existant. Celui-ci était bien évidemment transformé, car chez ces modestes gens rien n’était perdu, tout était soigneusement découpé, préparé et conservé. En ce début d’hiver, : conserves appétissantes , pâtés persillés , terrines dorées et volumineux bouillis mis au sel, garnissaient les vastes rayons en planche de sapin de la cave voûtée . Souvent , l’âne toujours pour la bonne cause lui aussi, devenait saucisson, reconnu comme le meilleur de la charcuterie villageoise .
Cette vieille et ancestrale tradition ne pouvait que déboucher par obligation et nécessité, au fameux pot au feu fumant et humant où la matière ne manquait pas . Paleron, Jarret, plat de côtes, queue de bœuf et flanchet avoisinaient les dodus légumes du jardin qui lui aussi arrivait au terme de son cycle.
Carottes savoureuses, poireaux verdoyants, choux plantureux s’entremêlaient avec les traditionnelles pommes de terre et oignons fondants sans omettre…….. le fameux navet croquant.
Voilà comment la mémoire du Sauveur nous a contraints à cette bien agréable et odorante commémoration que l’on se doit, entre gens de perpétuer en respectant les vrais fondements de cette inénarrable et invraisemblable tartarinade.
Bon appétit à tous !
Sanatorium Bellecombe, ses débutset bientôt sa fin
Le sanatorium Bellecombe.
Tout de suite après Mangini, le sanatorium Bellecombe fut ouvert en 1904. Crée par le docteur Quinson, gendre de Monsieur Lurin Maire et conseiller général d’Hauteville.
Le personnel de Bellecombe sous la direction du Docteur Quinson.
Il fut bâti sur l’emplacement de la scierie dont monsieur Lurin était propriétaire.
Le sanatorium Bellecombe comportait 25 lits à l’ouverture. En 1905, il avait fait installer l’électricité par un groupe autonome.
Le docteur Quinson professa jusqu’en 1911 date de son décès
Le docteur Dieuzeide, lui succéda pendant trois ans.
Le docteur Dieuzeide en famille.
Le Docteur Crépin pris la suite de 1914 à 1924.
Bellecombe fut vendu au Département de l’Ain par Madame Quinson en 1918.
En 1924, le docteur Albert Farjon prit la direction qu’il garda jusqu’en 1949. Sa santé ne lui permettant plus d’exercer, il cessa ses fonctions de directeur.
Il mourut le 27 avril 1954.
Le sanatorium Bellecombe, fermé de nos jours.
Cet ancien sana doit être rasé pour en faire la nouvelle gendarmerie du plateau.
Les débuts de la destruction -photos GUY Domain-