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LGUYHAUTEVILLE01
13 décembre 2014

paysan et conteur : la tradition orale perpétuée

Marius Guy, un merveilleux conteur !

Marius Guy

 

« En Afrique un vieillard qui meurt c'est une bibliothèque qui brûle » Amadou H.Bâ

 

Ce n’est pas le cas dans notre région, le conteur écrit et laisse à ses compatriotes de beaux documents.                                                   

Marius Guy est un conteur né. Il excelle à raconter des histoires, de  « belles histoires ».

Dès ses vingt ans, il fit ses débuts de chroniqueur dans le journal « La Marseillaise » alors qu’il effectuait son régiment, puis il continua pour les journaux régionaux et départementaux, « Le Progrès », « Le Dauphiné Libéré », « Le Coq Bugiste ». Il participa aussi au journal local « La Traverse » crée par l’équipe de l’Orsac. Cependant tous ses articles, chroniques, billets d’humeur n’étaient pour lui qu’un amusement car son métier était et sera toujours celui d’agriculteur.

A quatre vingt dix ans, il participe encore au journal « l’Echo du Plateau »

Sous le pseudonyme de Jean Loup puis de Quinet, il se creuse parfois la tête pour trouver le sujet qu’il va développer. Mais une fois le thème adopté et mûri dans son esprit, il se saisit d’une feuille de papier et d’un crayon et se met à écrire. Les mots lui viennent rapidement, car comme le disait Boileau « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément ! »

 

Son style est direct, plein d’humour, avec souvent des brins de nostalgie pour les temps anciens si rudes qu’ils aient été. Sa manière de penser se retrouve même dans la devise qu’il a choisie pour le cadran solaire de sa maison : « Dommage qu’il soit déjà si tard ! »

 Ce conteur malicieux et charmeur, à la répartie vive et au grand sourire plein d’amitié et d’humanité.

Il nous laisse deux ouvrages, le premier « Au fil des jours » est épuisé.

Le second : « Quinet raconte ! » reprend les chroniques et histoires du Haut-Bugey.

Voici un ouvrage qui met du baume au cœur et à l’esprit !

Ouvrez-le, lisez-le et vous n’en sortirez pas indemnes.

Au plus profond de vos souvenirs, vous puiserez les émotions de votre enfance et de votre belle jeunesse et vous les jeunes, vous vous régalerez de ces chroniques d’un autre temps. Nos cousins canadiens de la Belle Province, qui fréquentent ce blog, retrouveraient dans les pages, la vie de leurs ancêtres Français

Pour tous, personne n’a oublié ou n’oubliera l’atmosphère ouaté des paysages enneigés où tout est silence et beauté,  l’explosion dans les haies des bourgeons verts tendre du printemps, les senteurs enivrantes du muguet et des narcisses, le vent sur les blés dorés par le soleil de l’été,  la splendeur des automnes de notre montagne et le goût des châtaignes grillées aux braises de la cheminée !

Les heures égrenées par le clocher du village, les premiers pas dans votre école, les histoires contées lors des veillées, les petits bonheurs de chaque jour et même la vraie histoire de votre contrée, tout va refaire surface dans vos souvenirs enfouis ou se graveront dans vos mémoires pour le futur

Et soyez en sûr ! Il n’y a rien de tel que la lecture du livre de Quinet pour vous donner un coup de jeunesse : cela vaut toutes les jouvences de l’abbé Souris !

Livre en vente Librairie Bomel à Hauteville 18 euros. Bayard Service Editions

Voici une histoire parmi d'autres de notre conteur local.

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L’ALAMBIC.

 

Vous connaissez tous, les règlements draconiens qui s’appliquent aux bouilleurs de cru. Considérée comme une drogue, la gnole qu’ils fabriquaient servait surtout de remède et il fallait mieux être paré avant l’entrée de l’hiver.

 

Pour ceux qui n’avaient pas ce privilège, il fallait se transformer en contrebandier pour se ravitailler dans le pays vignoble et employer les chemins de montagne.

Chez nous, ou plutôt près de chez nous, il y avait encore des producteurs qui avaient su conserver ce folklore prélude à l’hiver, l’alambic  était alors un appareil très ancien logé dans un pittoresque local digne représentant d’un patrimoine centenaire.

 

Pour le responsable qui dirigeait les opérations, ce n’était qu’une occupation passagère qui ne durait que quelques semaines : surveillé par les contrôleurs, soudoyé par ses clients, il tenait magistralement son rôle et comptait sur une certaine complicité de tous.

 

C’est lui qui choisissait l’ouverture des opérations et à partir de là, l’inquiétude était de rigueur.

Les quelques litres accordés parcimonieusement par l’administration étaient bien insuffisants pour la consommation que tous jugeaient assez modérée.

 Il en fallait une petite rasade matin et soir pour le grand père qui tenait cette manie de son père mort presque centenaire après avoir usé comme seul remède de cette « eau de vie », il en fallait pour la maîtresse de maison pour transformer tout cela en élixir mystérieux, parfumé aux fleurs sauvages cueillies dans la rocaille, il en faudrait encore pour offrir aux voisins apportant leurs vœux le jour du nouvel an et un petit verre pour le facteur les jours de neige.

 

Comprenez comme la pénurie pouvait être dramatique ! J’ose même vous l’avouer, c’était le seul remède pour remettre sur pied une vache après un vêlage laborieux, peut être un « sacrilège »  mais quelle efficacité !

 

Vous comprenez mieux maintenant que la quantité attribuée ne correspondait pas toujours aux besoins et qu’il fallait bien user un peu d’astuce pour parer à toute pénurie comme il fallait être prêt pour la visite des contrôleurs croyant arriver à l’improviste.

Comme mon histoire se rapportant à l’alambic se passait avant le règne de l’automobile nos agents ne pouvaient arriver qu’en tram, ce petit tram dont vous connaissez l’histoire et qui continuait à rendre service.

Les deux employés habitués à la ligne reconnaissaient tous les passagers. Le scénario bien réglé se répétait chaque année, la micheline signalait son passage dans chaque village et à tous les passages à niveau.

 A quelques kilomètres de l’alambic alors que les effluvent flottaient déjà dans l’air, le sifflet du petit tram devenait permanent, le conducteur l’actionnait tous les cent mètres pour donner l’alerte.

 

A la « distillerie » on avait le temps de mettre de l’ordre dans les affaires, les bonbonnes et leur contenu étaient en parfait accord avec le grand registre, aucun quota n’était en dépassement.

 

Officiellement, il n’y eu jamais de fraudeur, ces messieurs bien accueillis se réjouissaient de la bonne tenue des opérations. Ils s’excusaient d’être pris par le temps et de ne pouvoir partager avec les clients le copieux casse croûte sorti de la grande panière.

 

Il ne leur restait plus qu’à regagner la gare et reprendre le petit tram sous le regard ravi et légèrement moqueur des clients de l’alambic….Alors la fête pouvait commencer !

 

                                                                                  Marius Guy

 

 

 

 

                                                        

 

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