A la manière de Boileau, les embarras de Lones
A la manière de Boileau, les embarras de Lones. Le texte en rouge et de Boileau, le reste n'est que fantaisie.
Tout conspire à la fois à troubler mon repos,
Et je me plains ici du moindre de mes maux :
Encor je bénirais la bonté souveraine,
Si le ciel à ces maux avait borné ma peine ;
Mais si, seul en mon lit, je peste avec raison,
C'est encor pis vingt fois en quittant la maison ;
Vingt voitures bientôt arrivant à la file
Butent sur les interdits des panneaux de la ville.
Et partout les chauffeurs s’avèrent tourneboulés,
Par maintes barricades, ils sont désemparés.
Par la chaleur d’été et à l’heure de midi
La volaille est perdue, elle en a le tournis.
Plus d’Avenue d’Henriette, moins de rue nationale,
Pour gagner les hauteurs rien que la rue centrale,
Et pour redescendre et faire nos emplettes
Il ne nous reste plus que la rue des violettes.
Les voituriers modernes se chamaillent
Ils font du slalom, et se croient à La Praille.
Les badauds s'amusant à la fête foraine
Barrent la route des soins qui soulagent les peines.
Pour moi, fermant ma porte et cédant au sommeil,
Le bruit des camions provoquent mon réveil.
Et en ma chambre à peine ai-je éteint la lumière,
Qu'il ne m'est plus permis de fermer la paupière.
Je fais pour reposer un effort inutile :
Ce n'est qu'à prix d'argent qu'on dort en cette ville.
Il faudrait, dans l'enclos d'un vaste logement,
Avoir loin de la rue un autre appartement.
Lones est pour les Cognots, un pays de Cocagne :
Sans sortir de la ville, il trouve la campagne ;
Il peut dans son jardin, tout peuplé d'arbres verts,
Recéler le printemps au milieu des hivers ;
Et, foulant le parfum de ses plantes fleuries,
Aller entretenir ses douces rêveries.
Mais moi, grâce au destin, qui n'ai ni feu ni lieu,
Je me loge où je puis et comme il plaît à Dieu.