Spéléologie au Val d'Hauteville-Lompnes
La spéléologie à Hauteville-Lompnes.
Les gens du plateau ont toujours eu envie d’explorer grottes et gouffres. Il existe dans la grotte de Charabotte des graffitis remontant au 19ème siècle et la grotte de Kotarakia n’avait pas de secrets pour les petits bergers que nous étions.
Dans les années 1950, Roger Excoffier Buisson, André Soleilhac, Marcel Goyet ont commencé à faire des fouilles un peu plus scientifiques, entrainant dans leur sillage des jeunes à qui ils ont transmis leur passion.
Sous l’impulsion et la passion de Bruno Hugon, inscrit dans le club d’HL depuis l’âge de 10 ans, ce club a pris une dimension nationale voire internationale.L’histoire de cette passion a commencé vers 1964 :
« Je suis tombé dans la spéléo quand j’étais petit. J’ai toujours eu dès ma plus tendre enfance eu envie d’explorer les « trous ». Alors que je n’avais que 5 ou 6 ans, je creusais des trous dans le jardin, ou dans la cave de la maison pour aller chez les Chinois. On verra, ironie du sort que ce rêve c’est en quelque sorte réalisé beaucoup plus tard ! »
Bruno Hugon est devenu moniteur fédéral en 1977, puis Breveté d’état en spéléo et canyon en 1995. Enfin accompagnateur en montagne en 2010. Il a encadré dans sa fonction à Hauteville Stage Sport Santé plusieurs milliers de personnes.
Il a découvert de nouvelles cavités dont une porte son nom au niveau national.
Il assume la présidence du club spéléo D’Hauteville Lompnes depuis de nombreuses années, auquel il a su impulser une dynamique qui fait du GSHL un « grand club spéléo ».
Les activités du Club :
Au moins 30 km de première dans l’Ain (personne ne peux rivaliser !)
- plus de 10 km dans les autres départements français.
- plus de 60 km à l’étranger, ce qui fait un total approximatif de 100km de nouvelles galeries découvertes.
- découverte de la première grotte de l’Ain qui atteint aujourd’hui 24 km. (Grotte de la Falconette à la Burbanche)
- Une première en Crête, la cote -1000 m dépassée.
-participation à l’exploration qui permit à la plus grande grotte de Chine de dépasser 100 km.
-Nombreuse premières aussi à l’avènement du canyoning : Dont les gorges de la Diosaz considérées comme l’une des plus belles descentes des alpes françaises, ou la Tine des fonds, l’une des plus dures et des plus engagées.
-Auteur de 2 topoguides de canyon et de nombreux articles dans les revues spécialisées. (Spéléo 01, spéléAlpes, Spélunca (revue fédérale) le règne minéral (revue nationale de minéralogie) Un pavé sur 5 ans d’exploration en chine etc…
-Les expéditions : 6 expéditions en Chine dont les cavités sont immenses à l’échelle du pays et souvent très longues, 2 expéditions en Crête où les gouffres peuvent atteindre une très grande profondeur, et 2 en Papouasie nouvelle Guinée où l’on trouve des cavités immenses avec les plus grosses rivières souterraines du monde.
En outre, il y a cet attrait pour la géologie en général, dont la spéléo est une des applications directes, mais il y a aussi la récoltes des fossiles Bugistes et des minéraux alpins, qui a permis de constituer une collection assez remarquable.
La spéléo c’est aussi :
-L’immersion au cœur d’un pays et de sa population, en étant complètement déconnecté des circuits touristiques. Cela permet des rencontres insolites et très enrichissantes.
-Chaque expédition, c’est aussi à chaque fois une nouvelle équipe de personnes qui partage la même passion, Il y a toujours un côté humain très fort avec de nouvelles rencontres et de véritables amis chinois !
-une expédition, c’est aussi souvent l’aventure, avec les moyens de transport, la nourriture, les lieux d’hébergement. En Papouasie par exemple, nous avons dû embaucher des porteurs papous pour transporter nos 2 tonnes de matériel jusqu’au lieu désigné pour le camp. 3 d’entre eux sont ensuite resté avec nous durant toute la durée de l’expédition, pour nous aider à construire nos abris, tailler les sentiers à la machette, chasser, ou ramener quelques rares plantes ou légumes pour améliorer notre ordinaire.
« Nous dormions dans des hamacs suspendus entre les arbres, au milieu de la jungle, et dans l’une des dernières forêts primaires encore vierge de toute exploitation humaine, et tout cela à des heures voir des jours d’accès de la civilisation. Ça a été une révélation, c’était extraordinaire d’être immergé au milieu de cette forêt avec une vie exubérante. Sur l’ile de nouvelle Bretagne où nous étions, 200 nouvelles espèces ont été découvertes par les scientifiques ces 2 dernières années !
Chacun a du construire son petit abri perso, ainsi qu’une tente collective pour le matériel et la nourriture. Tous les jours, il pleuvait en fin de journée, nous étions en saison sèche ! Il tombe 6 à 8 m d’eau par an dans ces contrées ! (1,60m chez nous) La chaleur (prêt de 30°) combinée à l’humidité, obligent à traiter les moindres « bobos » rapidement pour éviter les infections qui peuvent évoluées rapidement en ulcères tropicaux. Tous les jours, nous nous enduisions les pieds de graisse servant normalement à ferrer les chevaux, et utilisions des chaussettes spéciales onéreuses, mais efficaces pour éviter les terribles mycoses qui peuvent vous rendre la marche impossible pendant plusieurs jours. Nous n’avions pas de médecin, aussi nous avions une grosse pharmacie et avions pris un abonnement vers un organisme spécialisé pour les expéditions, où un médecin pouvait être joignable avec notre téléphone satellite 24 h sur 24, et pouvait guider nos gestes en cas d’urgence. . Nous aurions pu être amenés à recoudre un camarade, ou à le plâtrer, voire plus si besoin ! »
Nous sommes monté sur un volcan actif, avons subi une tempête phénoménale en pleine nuit et comme si ce n’était pas suffisant, le bateau est tombé plusieurs fois en panne ! Cette même nuit un ferry coulera au large de la Nouvelle Bretagne causant la mort de 150 victimes. Nous avons vécu 3 tremblements de terre dont un particulièrement impressionnant, mais cela est presque normal dans ce pays situé sur la ceinture de feu du Pacifique. Le retour c’est effectué pour partie en barque. Nous sommes partis de nuit pour 10h00 de mer, en étant 4 entassés dans une barque, sans feux, sans gilets de sauvetage ou autre moyen de sécu.
Toutes ces péripéties, pourraient être traumatisantes pour le commun des mortel, pour ma part je m’en suis régalé, elles ont largement contribuées à rendre ce voyage extraordinaire. »
Je me plais à dire que pour moi le plus merveilleux des hôtels, n’a pas 5 étoiles, mais mille étoiles. Comprenez par la que je préfère dormir dehors dans des conditions spartiates en regardant le ciel, plutôt que dans un luxueux hôtel ! »
« On part parce qu’on a besoin de distraction, et l’on revient parce qu’on a besoin de bonheur »
Victor Hugo