Les mères de chez nous, Autre temps, autres moeurs...
Les mères de chez nous.
« Les vieilles de notre pays n’étaient pas des vieilles moroses » comme dit une vieille chanson.De 1850 à 1910 elles portaient le dimanche un costume traditionnel, robe noire longue, un caraco à manches et basques porté sur une jupe noire, un bonnet en linon empesé à volant ou simplement brodé.
Dans chaque ménage, il y avait non seulement les grands-mères mais bien sûr nos mères.
Dès la pique du jour, leur travail commençait. Chaque famille était à ce moment là plus nombreuse qu’actuellement et la charge familiale de la maman était souvent assez écrasante.
Au petit matin, il fallait allumer le feu, préparer le café ou faire réchauffer la soupe de la veille pour le patron qui allait se rendre aux champs. Traire les vaches et ensuite, il fallait assurer le réveil de la marmaille, les faire déjeuner et les apprêter pour aller à l’école.
Puis venait le moment de nourrir la basse cour, ramasser les œufs, sortir le fumier à la brouette et commencer la préparation du repas de midi. Bien sûr, il n’était pas question d’acheter les plats tout cuisinés. Il fallait cueillir les légumes au potager en bonne saison et pendant qu’elles étaient sur les lieux, elle sarclait l’herbe, piochait la terre durant un moment, aucune minute n’était perdue.
Elles se précipitaient à la cuisine pour confectionner le repas de midi toujours assez frugal, on ne mangeait pas de la viande à chaque repas en ce temps là. Trop vite, les enfants revenaient à la maison, il n’était pas pour eux question de télévision ou de jeux électroniques, ils devaient remplir de petites missions : charrier le bois, mettre la table par exemple.
La maman servait son monde et le repas rapidement expédié, les ustensiles de cuisine et les écuelles devaient être lavés avec l’eau froide légèrement tiédie par un « pochon » d’eau chaude puisé dans le réservoir du fourneau, ou parfois chauffée dans le coquemar.
Les enfants repartaient à l’école. Croyez-vous qu’elles se reposaient ? Certainement pas ! Il y avait toujours des vêtements à raccommoder, quelques petites lessives vite expédiées, pour le linge le plus urgent, un peu de repassage avec les fers de fonte chauffés sur la plaque du fourneau.
Le soir arrivait, il fallait de nouveau traire et parfois porter le lait à la fruitière, bien que les hommes de retour des champs le fassent parfois pour retrouver des compères et commenter les nouvelles du pays.
A la veillée elle trouvait le moyen de s’occuper encore les mains en brodant, cousant comme si la journée n’avait pas été assez remplie.
Et je ne vous décris pas la saison des foins où elles devaient encore tenir entièrement leur place.
Pour celles qui n’avaient pas d’obligation paysanne, elles étaient commerçantes, et effectuaient de très nombreuses heures au service de la clientèle. En plus de leur train de maison, elles accumulaient de petits services dans le village.
Il existait aussi ces mères, qui avaient des spécialités. Les bonnes cuisinières louaient leurs services pour les fêtes de famille, baptêmes, communions, mariages. Leurs talents valaient bien ceux des mères lyonnaises, elles n’en avaient pourtant pas la notoriété.
Autres spécialités, les sages femmes, ici, le travail ne manquait pas, elles parcouraient le pays en tous sens, se rendaient aux appels des maris toujours fébriles en de telles circonstances, et ce, dans des hameaux parfois éloignés, à tout heure du jour et de la nuit. Elles s’appelaient la mère Maubet, la mère Colombo, la mère Tournery..Et chacun se souvient encore de la sage femme qui a aidé sa mère à accoucher.
Il y avait aussi les préposées à la lessive, bien sûr, ces lessives n’étaient pas quotidiennes mais le tas de linge n’en était que plus imposant, et il fallait des bras supplémentaires, ces femmes aidaient les maîtresses de maison qui venaient d’accoucher, ou qui étaient indisponibles du fait de la maladie.
Croyez vous que le dimanche était pour elles un jour de repos, certainement pas. Pas d’école pour les enfants bien sûr, mais elles endimanchaient la famille pour aller à la messe et trouvaient le moyen d’améliorer encore le repas de midi. Cependant l’après midi, elles soufflaient un peu, mais elles occupaient encore leurs mains devenues de véritables mécaniques de travail ; en cardant la laine, filant, tricotant…..A peine s’accordaient-elles une heure pour parcourir « La veillée des chaumières » journal qu’elles se passaient de l’une à l’autre, pour diminuer la dépense.
un dimanche après midi, repos mais le balai n'est jamais loin!
Et je ne vous ai pas encore évoqué la gestion de la petite bourse, le budget de la maisonnée, et là elles faisaient encore des prouesses car les temps étaient particulièrement durs.
Voilà le coup de chapeau qu’il convient à donner à nos mères et nos Grands-mères. L’année de la femme inventée ces dernières années, était loin d’être d’actualité.
Convenez avec moi qu’elles méritaient bien ce modeste et tardif hommage.