A ceux qui sont nés depuis bien longtemps
Nous étions jeunes en ce temps-là, enfants des écoles de Lompnes, s'ils sont encore en vie, ils ont 95 ans
A ceux qui sont nés il y a bien longtemps
« Que de beaux printemps l’allégresse
Va s’éteindre en nos cœurs demain
Et que la morose vieillesse
Me guette au bord du chemin ! »
C’est à une grande dame de notre pays, Delphine Arène que nous devons ce joli quatrain. Il y a près de dix ans que je le garde en mémoire ignorant qu’un jour, il serait mon actualité, radotant dans une prose que j’aurais aimée plus brillante et que je dédie à ceux qui comptent leurs printemps en nombreuses dizaines.
Et oui, nous étions déjà là avant la pénicilline, la télévision, la moissonneuse batteuses, les premiers tracteurs et la pollution
Nous étions déjà là, Dieu merci, avant la pilule, le youpala et les vacances obligatoires.
L’ordinateur et le Web n’avaient pas encore contaminé personne et l’on faisait encore nos courses chez les commerçants du village sans automobile et sans caddy.
Nous avons connu la génération des zazous, des yéyés et la musique nouvelle des raveurs, un temps où l’accordéon suffisait à notre bonheur et le petit vin blanc était là pour créer l’euphorie.
Sachant que l’avenir est réservé à ceux qui n’ont pas encore de passé, il a bien fallu s’adapter, à défaut de s’intégrer pour ne pas avoir l’air d’être pris pour des illuminés nostalgiques du temps passé. Nous gardons les pieds sur terre et peut- être un peu trop la tête dans les étoiles.
La preuve, il nous arrive encore de regretter qu’il soit déjà si tard.
Marius Guy