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LGUYHAUTEVILLE01
31 octobre 2014

Vers un monde nouveau, immigration italienne, partie 2

VERS UN MONDE NOUVEAU !

 

L’émigration italienne : un fait national.

 

Depuis leur plus lointaine  histoire, nos voisins transalpins ont été des gens très disposés à découvrir le monde et à s’expatrier…Ne dit-on pas que Marco Polo le Vénitien alla très loin jusqu’au pays des empereurs chinois, et Christophe Colomb le Génois partit découvrir l’Amérique pour le compte des rois catholiques espagnols, les plus audacieux partaient du royaume de Naples qui possédait une large ouverture sur la mer.

Ils étaient alors navigateurs, banquiers lombards, artistes, artisans, religieux, commerçants, marchands…et ils firent commerce dans tous les pays du monde.

Le mouvement s’amplifie à la Renaissance, et deux reines de France Catherine de Médicis épouse d’Henri II et Marie de Médicis épouse d’Henri IV créent un mouvement important au plus haut niveau de l’Italie vers la France : Léonard de Vinci à la cour de François 1er, le cardinal Mazarin ministre, Lully , le célèbre musicien de Louis XIV ne sont-ils  pas à l’époque les plus renommés des émigrés ?

Quant aux artistes, nous avons dans le département de l’Ain la preuve du savoir faire des maîtres maçons et sculpteurs, à Brou où les « puttis » (petits angelots) des tombeaux sont l’œuvre de Compitoglio et les églises de Montluel, Varambon et Champdor présentent des autels qui seraient l’œuvre de Caristia originaire de Novarre.(tradition orale contestée !)

P1030048 Eglise de Brou, les "puttis" de Compigoglio

 

La mosaïque des pays italiens, duchés de Florence, Este, Milan, Ferrare,  etc…ne fait pas alors de cette émigration un phénomène national pour l’Italie, il faudra attendre l’unité italienne en 1860/1861 appelée « le Risorgimento –la Renaissance »et le rattachement des Savoies et du comté de Nice en 1860 pour que l’émigration devienne un évènement national. Surtout après 1876 toute la péninsule se met en marche.

De 77000 en 1861, ils passent à 330.000 en 1901, 451.000 en 1921, 808.036 en 1931, 720.926 en 1936, cette époque représente le pic de l’émigration, après la guerre le chiffre chuta à 450.764.

Car les masses populaires sont alors  en mouvement, ils sont bergers, artisans, commerçants, paysans, charbonniers, carriers et recherchent les travaux dans les pays voisins, France, Suisse mais aussi bien au-delà des mers surtout vers l’Amérique : Etats-Unis, Argentine, Brésil.

 

Dès cette époque, le plateau connaît l’arrivée de ses premiers migrants. Il existait deux causes majeures d’émigration : d’une part, la misère dans les provinces du Nord où il fallait nourrir des familles souvent nombreuses, puis l’aspect politique avec le fascisme qui poussa bien des foyers au-delà des frontières. Piémont, Lombardie, Vénétie, Campanie et Sicile fournissent 60% des partants.

 

L’immigration italienne sur le plateau :

 

Le 10 mai 1769, on signale lors d’un mariage local, un témoin dénommé Jean Baptiste Lunu de Bassolette en Piémont, maître tailleur de pierre qui travaillait depuis longtemps au château d’Angeville. Etait-ce un des premiers italiens devenu bugiste ?

 

Il faudra attendre la fin du XIXème siècle, de 1895 à 1900 pour constater une arrivée importante de maçons piémontais lors de la construction du premier sanatorium Mangini, Louis Aragon fait mention de leur présence dans son livre « LES VOYAGEURS DE L’IMPERIALE »

img608 Construction de Mangini

 

 

C’est à partir de cette époque que le développement commercial et industriel de la région attire de nombreux  Italiens dont les métiers de maçon, plâtrier, peintre, bûcheron ou charbonnier sont activement recherchés.

Ils vinrent alors de partout, du pays de Bergame surtout, de Lombardie, de Vénétie, de Parme, de Modène, de Toscane, des Abruzzes, des Pouilles et même de Calabre.

L’obstacle de la langue constituait une barrière au départ, beaucoup ne parlant pas l’italien conventionnel mais un patois régional.

Pour Hauteville-Lompnes précisément, le plus gros contingent arrive de la région de Bergame.  Le pape Jean XXIII est  issu de cette région–il était né à Sotto Il monte- La Lombardie était le pays natal de Paul  VI né à Brescia.

 

 

Le plus souvent les hommes arrivaient les premiers pour repérer le terrain et le marché du travail durant un à deux ans et ensuite seulement ils faisaient venir leurs familles : femme et enfants. Ils débarquaient du train et avaient parfois des kilomètres à pied à parcourir avant d’atteindre leur futur lieu de résidence, portant valises, cartons et autres baluchons. Un ami me racontait encore à son âge adulte sa frayeur d’enfant lorsqu’il suivait ses parents la nuit le long d’une voie ferrée qu’il n’a jamais pu me situer.

Les pères trouvaient du travail et un salaire qui non seulement devait faire vivre leur maisonnée mais aussi permettre de faire les économies nécessaires pour la construction de leur future maison.

img609 Construction de sanatorium par les maçons italiens

Aussi beaucoup d’enfants allaient travailler dès leur plus jeune âge, treize ans et ils étaient déjà à la carrière et parfois même dès leur douzième année. Les plus jeunes étaient placés dans les fermes comme petits bergers ou bergères dès 6 ou 8 ans pour assurer au moins leur nourriture. Certains jouissaient d’une vie familiale agréable mais d’autres moins chanceux n’étaient hélas pas trop bien traités.

Tout l’argent ainsi recueilli par les pères et enfants serait économisé pour construire la maison, les italiens ayant toujours été de bons maçons, ils se mettaient eux-mêmes à l’œuvre pour édifier le nid familial.

Il s’établit alors naturellement une stratégie migratoire élaborée avec des réseaux de connaissances familiales ou de voisinage, on engageait les frères, les cousins à suivre l’exemple et à venir chercher du travail en France.

 

Cependant, la xénophobie ambiante n’était pas toujours agréable pour les nouveaux arrivants : sobriquets désobligeants, accueil parfois très mitigé par certains indigènes, les enfants se battaient dans la cour des écoles et l’on connaît la cruauté naturelle des petits…Sur notre plateau, et peut être en raison des relations historiques que nous avions développées depuis plusieurs siècles avec ce duché de Savoie qui allait de l’Ain au Piémont, l’accueil fut certainement meilleur que dans le sud de la France où l’on dénombra des morts dans la population migrante.

 

Là, je dois rendre hommage à plusieurs familles du plateau qui ont toujours été très accueillantes pour nos amis transalpins, dont une qui logea comme si c’était sa famille le ménage italien venu dans les années 1925 et qui fut locataire chez elle durant 30 années. Elle concevait ces voisins comme de bons amis, la grand-mère parlant le patois bergamasque qui habitait avec eux était une autre « mémé » pour les enfants. Ils étaient pourtant petitement logés, et quand la famille d’Italie arrivait, c’était la fête dans la maison,  les  chambres des enfants de cette famille étaient partagées  pour laisser de la place aux nouveaux arrivants.

Cette famille vendit même un petit terrain par mensualités pour permettre aux nouveaux migrants de bâtir leur maison…Et quand le budget ne permettait pas de faire face à l’échéance, celle-ci était reportée au mois prochain et en remerciement « la mamma » venait faire les pâtes fraîches avec le talent que l’on sait. Cet exemple donné se révélerait être  une leçon d’humanité,  car il n’est pas rare que plus de trente ans plus tard, les descendants de ces émigrés  rendent encore témoignage de la civilité dont ils ont bénéficié.

L’émigration italienne continua après la guerre jusque dans les années 60. En 1946, le président du Conseil De Gaspéri  conseillait aux italiens « de reprendre les chemins du monde ». Certains l’ont fait, continuant ainsi leur culture de la mobilité et de l’ouverture.

La gentillesse et  courage humain et professionnel de cette nouvelle population firent que très vite, elle fit partie intégrante des autochtones en construisant leurs maisons, en créant des entreprises, en participant à la vie municipale et en s’unissant par mariage aux gens dit « du pays ! »

 

Nous pouvons constater que cette population déplacée a apporté un sang neuf au tissu économique du plateau. Nous avons recensé plus de 220 foyers d’origine italienne qui se sont établis sur notre plateau Bugiste. La plupart ayant opté pour la nationalité française.

Les entreprises qu’ils ont crées il y a maintenant de nombreuses décennies ont été reprises par les enfants, voire les petits enfants qui en assurent la pérennité avec brio pour le plus grand bénéfice économique de la région.

 

 

LES FAMILLES D’ORIGINE ITALIENNE DU PLATEAU

 

Alborghetti, Allamano,Astori,

Balzi,Banti,Bedolis, Bettolo,Bonzi,Bronzoni, Bruno,

 Capelli, Caribotti, Carrara, Cortinovis, Crévacor

 De Blasi, Delbello, Delliquadri, Dentella,

Ferrari, Fornaciari,

Galizzi, Gallo,Gardoni, Gervasoni, Ghérardi, Grigis, Grisotto, Gritti,

Janucci,

Laffranchi, Lavina, Léonardi, Locatelli,

Maranzana,Marietta, Masnada, Mastronardi, Mazzochi, Menotto, Micheli,Moro,Muttoni,

Negrello, Nicol, Novelli,

Orlando,Ostorero,

Pagani,Palatini,Palazzi,Pernici ,Persico,Pesenti,Pincherra,

Pinelli,Pitto,Prévitalli,Pulicci,

Radovix,Rondi,Rosazza,Ruggeri,

Serafini,Sergio,Scotton,

Spacamonti,

Sussetto,

Traini,

Urbani,

Vitali,

Zambellini,Zani

Des relations très fortes familiales et amicales existent encore de part et d’autre des Alpes et il est étonnant que les différentes municipalités n’aient jamais songé à établir un jumelage ou un contrat de ville associée avec une ville du pays de Bergame.

Hauteville est jumelée avec Ronneburg, pourquoi pas Bergame ou une ville de moindre importance ?

 

Ne serait-ce pas la meilleure façon d’établir un signe de reconnaissance pour l’apport de l’Italie à la vie économique de notre Plateau et souligner officiellement les relations amicales que nous entretenons les uns et les autres si naturellement depuis de nombreuses années.

 

 

 

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Commentaires
E
Lire ce texte me fait penser quand mon père EPIS Oscar est venu de Oltre il Colle (Bergamo) à Hauteville pour travailler dans les carrières dans les années 1954/1955 plus au moins.<br /> Je suis de votre avis qu'un jumelage pourait se faire. Depuis 32 ans je suis venue vivre au pays de mes origines, Oltre il Colle. <br /> Cette année nous espérons venir avec la Banda de Oltre il Colle, faire un concert à Hauteville. J'espère vivement en ce projet et j'espère rencontrer tous les "BERGAMASCHI"
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A
C est vraiment très intéressant et instructif . Mon grand pere faisait partie de ces immigrants.
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LGUYHAUTEVILLE01
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