Fusion des communes  Lompnes et Hauteville.

A l’heure où les communes ont encore bien des difficultés à se rapprocher les unes des autres, les communes de Lompnes et d’Hauteville fêteront l’an prochain leurs noces d’albâtre, certainement le genre d’albâtre calcaire vu les carrières que possédaient les deux territoires….

Les carrières ce ne sont en quelque sorte que des cailloux, et des cailloux croyez moi il y en a eu dans les relations des deux conseils municipaux de l’époque avant que la fusion ne se fasse.

Les préliminaires avaient commencé assez tôt entre les cognots –les habitants de Lompnes- et les Gravellos –habitants d’Hauteville- questions de territoire….

Les adultes faisaient connaître leurs points de vue.

Du côté des Cognots, on faisait valoir que nous avions les forêts de sapins, notamment la forêt dite du Baron, acquise par la municipalité de Lompnes à la famille de Montillet de Champdor et que ces bourgeois d’Hauteville ne possédaient que des cailloux…. Nous avions les infrastructures pour vivre seuls, Mairie, Poste, Ecole neuve construite en 1932. Notre réseau d’eaux était en pleine forme, la source de La Doye alimentait tous nos bacs en pierre de taille municipaux et privés. Que demander de plus ?

Du côté des Gravellos, on se demandait pourquoi ces culs terreux de Lompnes ne reconnaissaient pas la prédominance d’Hauteville, Station climatique depuis 1920.

Nous étions à la veille d’une révolution ou d’une ancestrale intifada…. Même les gamins s’en mêlaient et nous vivions quotidiennement la  « guerre des boutons ». Cela se passait surtout au moment de la séance de catéchisme quotidienne qui se tenait pour tous les enfants à l’église d’Hauteville. Nous avions dans le cartable ou la musette qui contenait le livre sacré tous les ingrédients pour une bonne bagarre – lance-pierres, pommes de pins- tout y passait.

On vit des tags fleurirent  toute la ville : « Non à la fusion » écrit la nuit au goudron par les jeunes gens très remontés. On vécut même les prises de guerre : les cabanes au fond du jardin qui servaient de WC, kidnappées pour être rassemblées sur la place des villages.

On dressa même sur le petit pont du Pontet, un cheval de frise pour empêcher les cognots travaillant sur Hauteville de se rendre à leur travail, on alla même jusqu’à délivrer des laissez-passer.

Très vite ces laissez passer dignes de l’histoire des « Copains » racontée par Jules Romains, allaient être remplacés par les « auschweiss ».  Et là, on ne plaisantait plus.

La guerre était là.

Après moultes discussions, le couperet tomba.

La séance du conseil municipal du 5 janvier 1942 entérina la fusion. On y fit la lecture de la lettre du Sous-préfet de Belley en date du 29 décembre 1941, faisant suite à l’enquête administrative concernant le projet de fusion…

Dans le compte-rendu du conseil, on souligne qu’il faut mettre fin à ces interminables et pénibles discussions pour toutes les questions importantes se rapportant à la transformation des deux villages ruraux en station de cure : eaux, égouts, service d’hygiène, transports et carburants, création d’un stade, construction d’un prochain abattoir…

Il fallait aussi arrêter la dualité des communes qui se prêtaient que trop imparfaitement aux solutions logiques et raisonnées même quand l’avenir était en jeu !

Considérant que l’existence de la station est un fait sur lequel il n’y a plus à discuter, vu le caractère d’utilité nationale et son développement qui se fera d’une manière égale sur les terrains appartenant aux deux territoires, on ne pouvait que dire oui !

Pour faire passer la pilule, on décida verbalement qu’après la guerre, quand les prisonniers seront de retour, on procédera à  un référendum pour avoir le sentiment de toute la population. Bien évidemment en 1945 à la fin des hostilités le référendum n’eut jamais lieu.

Stop aux querelles de clochers et en avant pour l’avenir…..

5 janvier 1942 : délibérations du conseil municipal de Lompnes 1215 habitants au recensement de 1936

11 Janvier 1942 : délibérations du conseil municipal d’Hauteville1573 habitants en 1936

Le Préfet de l’Ain entérine la décision des conseils le 1 mars 1942 après avoir désigné Frédéric Dumarest maire de la commune d’Hauteville-Lompnes le 25 février 1942 qui devient forte de 2788 habitants.

Nous étions loin de l’entente cordiale, mais le pas était franchi,

L’adjonction des communes de Lacoux et Longecombe par la suite n’a jamais connu l’acuité de la première fusion.